Elle arrivait de Guyane pour se faire opérer. Elle a sorti de son sac un livre sur la faune et la flore de là-bas ; un livre qui, disait-elle, jamais ne la quittait. Elle m’a raconté les colibris qui s’invitent au petit déjeuner, le carnaval et cette plantation de poivres qu’elle aimerait tant faire, mais c’était partie remise. Et soudain le silence se fit, triste. Pour relancer la conversation, comme on jette les dés sans réfléchir, j’ai dit « Christiane Taubira, elle est de Guyane ? » Le silence se fit lourd pendant quelques secondes. On ne l’aime pas en Guyane me dit elle (j’ai eu le sentiment qu’elle faisait partie du On) … à cause de ce qu’elle a fait à son mari.

Je n’ai pas pu la défendre, la porte s’est ouverte, des gens sont entrés et nous n’avons jamais repris cette conversation.

Souvent j’aimerais mieux qu’après les mots « Christiane Taubira », il n’y ait pas de commentaire.