LES MOYENS JUSTIFIENT LA FIN.

 

 

Quand le projet de A La Dérive a pris forme, j’ai sollicité quelques amis autour de moi. « Bien ! Super ! Bravo ! » L’avis positif était clair et unanime. Il faut dire que, depuis les années 90’ du siècle passé, ils commençaient à s’entasser dans le placard les dits « projets de revue » en commun voire, entre amis qui, à chaque fois, achoppaient sous la botte du facteur économique et, notamment, son principe de réalité communément appelé Prix du papier. Maladroitement auréolé de la complicité des uns, de l’adoubement des autres, j’y suis donc allé, fleur au fusil.

C’était sans compter sur un nouvel ami, blanc et bleu de figure, et qui s’avéra plus volontaire qu’un porte-étendard et plus costaud qu’un porte-faix. Le ci-devant Facebook allait en effet projeter en l’air le numéro 1 à la manière d’une fusée enlevant un satellite au-delà des nuées. On peut même dire qu’à sa manière, le réseau social aura fait tourner, flotter et dériver le projet dans une nuit sans poids, avec une puissance sidérante, dans un bruit numérique. Ainsi de suite, jusqu'à son numéro 8, qui n’est pas le moins réussi de la bande (NDLA). Or il se trouve que, peu de temps auparavant, j’ai fait défection. J’ai quitté le réseau social à 99 % (le pourcentage restant dévolu à la gestion de la page de la revue, Cqfd). Or les réseaux sociaux en général, et le blanc-bleu FB en particulier, c’est la peste ! Je n’y reviens pas. Tout le monde commence à le reconnaître, jusques et y compris son fondateur même, qui tente désormais de nous vendre la solution miracle (Coca Cola mon amour, Pharmakon le retour.) J’ai pu, ailleurs et naguère, écrire ce que j’avais à dire sur le sujet quitte à cracher dans la soupe comme un mal poli ; je l’avoue. Projet ambitieux. Trop ambitieux a-t-on pu me dire ! « Tu n’y arriveras pas. Tout seul c’est impossible », etc.  Certes, soit, bof ! Mais, jusqu’ici, ce n’était pas « assez impossible » pour moi. Mais force est de constater que le n°9, malgré un thème original dont j’attendais beaucoup, a fait pschitt ! Ça sentait le sapin. De toute façon, j’avais annoncé qu’il n’y aurait jamais, au mieux, que dix numéros de A La Dérive... (N.B : c’est écrit sur une page du présent site depuis les origines.)

 

Puisqu’elles ont tendance à s’adresser au plus grand nombre et d’a(n)imer sans compter, sans tenir les comptes, les revues sont bien souvent appelées à mourir de leur belle mort, fut-elle prématurée. Les numériques y compris. Je n’exposerai pas ici les raisons plus profondes qui m’amènent, non pas à surseoir – comme j’eus à la faire quelque fois –, mais à fermer le ban. Pour faire court : comme pour le numéro 9, je n’ai présentement pas assez de matériau pour faire un numéro digne de ce nom.  J’ai reçu de fort bonnes contributions, dont les auteurs m’en voudront très sûrement, et ils auront raison.  Leurs textes seront plus tard publiés sur le site de la revue qui, quant à lui, perdure. Je leur présente par la présente mes excuses, mais je ne vois pas comment faire autrement ? Je n’ai pas, pour ce dernier numéro que j’envisageais comme une fête,  de quoi faire œuvre. Œuvre – aussi naïf que présomptueux – était le but envisagé depuis le départ de ce projet, qui n'était pas que littéraire. Les huit premiers numéros en attestent, c'est du moins ce que je veux croire ? Je reste donc sur une manière de défaite, mais ce n’est pas bien grave. Je préfère continuer à penser que j’avais, sinon décrocher la lune, du moins envoyer un satellite en plein dans son œil. Je suis content de ce que NOUS avons fait, ensemble et séparément, malgré les défauts et les fautes de frappe. C'est pourquoi NOUS allons en rester là. J’arrête et donc, par la force des choses, NOUS arrêtons. Avant d’avoir des regrets ou, pire, des remords brodés sur un lit de frustrations. Je sens que le navire en a fini, de dériver. Que sa coque a heurté la rive. Une autre rive. Un autre côté. Voilà ! NOUS sommes arrivés et, de fait, nous y sommes arrivés. C’est fini, mais c’est fait.

 

Un grand merci, simple, et sincère à tous les contributeurs, dont nombre (ils/elles se reconnaîtront), parmi les « anonymes » ont depuis lors été publiés en volume à la force de leurs poignets, ce qui me réjouit profondément pour eux.  

 

« On n’embête pas Papa pendant qu’y fait sa maquette ! » Je me permets d’ajouter ici,  plus intime et plus vaste, un spécial remerciement pour mes proches.

Bien à vous.

 

Alain Giorgetti.