Un des paysages romanesques qui me restent le plus intensément présents à la mémoire est celui d'Ulsgaard, le domaine danois qu'évoque Rilke dans les Cahiers de Malte Laurids Brigge. Il n'est décrit à aucun moment, on ne parle que de la famille à demi fantôme qui le hante : ce  n'est qu'une coque que l'esprit du lecteur sécrète et moule étroitement autour de l'amande vivante qu'elle enserre, et cependant nulle présence n'est plus hallucinatoire.

 

Carnets du Grand Chemin.