Je vous souhaite bonheur et santé

mais je ne puis accomplir votre voyage

je suis un visiteur.

Tout ce que je touche

me fait réellement souffrir

et puis ne m'appartient pas.

Toujours il se trouve quelqu'un pour dire :

c'est à moi.

Moi je n'ai rien à moi,

avais-je dit un jour avec orgueil

A présent je sais que rien signifie

rien.

Que l'on n'a même pas un nom

Et qu'il faut en emprunter un, parfois.

Vous pouvez me donner un lieu à regarder.

Oubliez-moi du côté de la mer.

Je vous souhaite bonheur et santé.

 

 

Théo Angelopoulos, in Revue Limelights, été 1982.